Présentation globale du changement climatique (partie 2)
Jean Jouzel, le parrain scientifique de En l’Air pour la Terre, climatologue et glaciologue français, nous présente de façon globale le changement climatique et où nous en sommes aujourd’hui.
Jean Jouzel, le parrain scientifique de En l’Air pour la Terre, climatologue et glaciologue français, nous présente de façon globale le changement climatique et où nous en sommes aujourd’hui.
Jean Jouzel, le parrain scientifique de En l’Air pour la Terre, climatologue et glaciologue français, nous présente de façon globale le changement climatique et où nous en sommes aujourd’hui.
Jean Jouzel, le parrain scientifique de En l’Air pour la Terre, climatologue et glaciologue français et vice président du groupe scientifique du GIEC de 2002 à 2015 nous explique de façon globale où nous en sommes par rapport au changement climatique puis nous présente le GIEC dans une deuxième interview !
Aujourd’hui, il n’y a plus aucun doute sur le fait que l’homme est responsable du changement climatique que nous sommes en train de vivre. En témoigne le GIEC dont on entend tant parler et sur lequel vous trouverez des précisions ci-dessous.
Pour rappel, le GIEC veut dire Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il a été créé en 1988 par deux organismes des Nations Unies:
Le GIEC a été créé à la suite de différents travaux consacrés à l’impact de l’activité humaine sur le changement climatique. Pendant longtemps, on a en effet pensé que l’influence des hommes sur le climat était négligeable en comparaison des phénomènes naturels, comme l’activité solaire ou d’autres. Malheureusement ce n’est pas du tout le cas et il faudra attendre la fin des années 1980 pour que l’idée d’un réchauffement climatique lié à l’activité humaine soit prise au sérieux et que le GIEC soit créé.
La mission du GIEC est de rassembler, d’évaluer et de synthétiser l’information scientifique disponible dans le monde entier. Une expertise mise au service des décideurs du monde politique mais aussi économique. Car les entreprises, à qui l’on demande de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, sont évidemment concernées. Les experts du GIEC ne font pas eux-mêmes de nouvelles recherches : ils « épluchent » la littérature scientifique existante pour en tirer la « substantifique moelle ». Les rapports d’évaluation s’attachent aussi à refléter les débats scientifiques. L’édition 2001, par exemple, rend compte de l’incohérence apparente entre les observations des températures en surface, qui indiquent un réchauffement, et les observations satellitaires qui, au contraire, soulignent une tendance au refroidissement (une erreur dans le traitement des données satellitaires sera mise en évidence par la suite).
L’une des caractéristiques du GIEC est le mode d’élaboration de ses rapports : ils sont rédigés au cours d’un processus dont la phase intensive dure environ deux ans. À chaque étape, les textes sont soumis à l’extérieur (communauté scientifique, experts gouvernementaux). En 2013, nous avons ainsi reçu 54 517 commentaires sur les travaux du groupe 1. Les auteurs doivent prendre en compte tous ces commentaires et, dans le cas contraire, s’en expliquer. Même soumis à l’approbation des gouvernements, le rapport n’échappe pas aux scientifiques. Ce processus donne au rapport du GIEC sa visibilité et permet aux décideurs de se l’approprier. Malgré sa complexité, je crois à la vertu et à la force de l’expertise collective.
Nous aimerions vous parler du GIEC, parce que ce n’est pas qu’une dizaine de personnes qui essaient de comprendre ce qu’est le changement climatique dans leur coin. Le GIEC synthétise l’ENSEMBLE des travaux scientifiques, qui ont été publiés et vérifiés par toute la communauté scientifique (soit des milliers de personnes).
Vous trouverez ici le dernier rapport du GIEC (le 5ème) qui date de fin 2014 et le rapport de synthèse en français qui est disponible là. Si vous ne voulez pas lire 40 pages regardez uniquement les graphiques suivants qui suffisent à mesurer l’ampleur du problème auquel notre société est confrontée. En revanche si vous parlez anglais et que vous aimez lire alors le synthesis report avec seulement 32 pages est très bien fait pour vous donner une vision d’ensemble.
Pour en savoir plus sur les travaux des scientifiques qui ont révélés ce changement climatique, allez voir le film « La Glace et le Ciel » sur la vie de Claude Glorius, qui est magnifique.
Nous allons maintenant vous présenter différents graphiques qui montrent l’ampleur du problème actuel et que vous pouvez retrouver dans les rapports précédents.
Tout d’abord il faut présenter les quatre scénarios retenus pour communiquer sur le changement climatique :
RCP veut dire « Representative Concentration Pathways » et sont décrits en détail ici. Ce sont des scénarios de référence de l’évolution du forçage radiatif sur la période 2006- 2300. Le forçage radiatif est la différence entre l’énergie radiative reçue et l’énergie radiative émise par un système climatique donné (ici la Terre). Il est exprimé en W/m2. Lorsque nous avons un forçage radiatif positif pour la terre, celui-ci va avoir pour effet de la réchauffer et donc d’augmenter la température globale. C’est ce qui se passe en ce moment où nous avions en 2011 un forçage radiatif de 2,84 W/m2. Plus le forçage radiatif est important, plus la terre va se réchauffer. Voici l’explication des quatre scénarios de référence tirés de Moss et al, Nature 2010 :
GES veut dire Gaz à Effet de Serre. On parle en eq-CO2 c’est à dire en Équivalent de CO2 car il y a aussi d’autres gaz à effet de serre que le CO2 comme le Méthane (CH4), le protoxyde d’azote (N2O), l’ozone (O3) ou même la vapeur d’eau (H2O). On prend donc tous ces gaz que l’on ramène au CO2 en utilisant leur potentiel de réchauffement global (PRG). On a ainsi une mesure globale des gaz à effet de serre pour faciliter les comparaisons entre les différents scénarios.
Les RCP sont associés à des émissions de CO2 plus ou moins importants et donc à une température globale future :
Si on fait une lecture de ce graphique, on voit que les scénarios divergent à partir de 2030. La fenêtre d’action pour lutter contre le changement climatique est donc très réduite. Si nous ne réduisons pas nos émissions de façon considérable dans les prochaines années, nous ne pourrons plus revenir en arrière. C’est donc à une vraie course contre la montre que notre humanité est confrontée aujourd’hui.
Voici les changements de températures et de précipitations auxquels notre monde sera confronté selon les deux scénarios extrêmes :
On observe également que dans le pire des scénarios (RCP 8.5) nous avons une augmentation de la température globale de +4°C, ce qui se traduit par des augmentations locales allant jusqu’à +9°C environ. Cela est totalement insoutenable pour les sociétés dans lesquelles nous vivons et cela aurait aussi d’énormes conséquences sur les populations et les écosystèmes.
Dans le meilleur des scénarios (RCP 2.6), l’augmentation de la température globale est limitée ce qui permet également de limiter l’augmentation locale des températures. C’est un scénario beaucoup plus confortable pour nos sociétés actuelles mais difficilement atteignable sans des efforts importants de nous TOUS.
Nous pouvons aussi voir l’effet du changement climatique sur les précipitations. Dans le scénario RCP 8.5, il n’y aura que très peu de précipitations et donc des régions, déjà très sèches du monde le deviendront encore plus. Cela aura donc pour conséquences que les populations ne puissent plus habiter ces régions et donc que le nombre de réfugiés climatiques explose. Les régions humides quant à elles recevront d’avantages de précipitations et seront donc exposées à d’avantages de risques d’inondation et tout ce que l’on connait. Dans tous les cas, des modifications importantes sont à prévoir, modifications auxquelles les sociétés devront s’adapter rapidement.
Le changement climatique a aussi pour effet une augmentation importante des événements météorologiques extrêmes (article court et intéressant ici) : vagues de chaleur plus longues, précipitations extrêmes plus importantes, plus grand nombre de cyclones etc. C’est pour cela qu’il faut une adaptation importante des sociétés au changement climatique pour limiter leur vulnérabilité.
Globalement il y a deux piliers principaux de lutte contre le changement climatique :
Pour finir sur la présentation du changement climatique, il faut aussi faire attention à distinguer la variabilité climatique du changement climatique induit par l’homme. En effet, ce n’est pas parce que nous avons un hiver plus froid que le changement climatique n’est plus là. Il faut bien regarder l’échelle de temps associée aux différents phénomènes et la tendance qui peut être dégagée. Mais ne nous étendons pas, car nous détaillerons ce point dans une future interview!
Maintenant que vous en savez plus sur le Changement Climatique, venez visiter les sites de production d’énergies renouvelables avec nous ! Ou bien pour en savoir plus sur les énergies renouvelables, le parapente ou le voyage 🙂 Et bien sûr retrouvez-nous sur les réseaux :
Baptiste Nettier, chercheur à l’IRSTEA de Grenoble, nous parle en l’air des es alpages et le changement climatique
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Coralie Achin, chercheur à l’IRSTEA de Grenoble, nous parle en l’air de la perception du changement climatique dans les stations de sports d’hiver !
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